Et la réglementation ?

Les réglementations ont pour objectifs d’encadrer une profession et aussi de protéger le consommateur final. Il existe des réglementations dans de nombreux domaines, allant de l’aviation à l’alimentation.

La réglementation française doit souvent s’appuyer sur la réglementation européenne suite aux accords de Schengen. Dans le cadre de la naturopathie, phytothérapie, aromathérapie, de la nutrition il est indispensable de prendre conscience que les réglementations existantes sont les piliers. Tout naturopathe se doit de connaître ces réglementations d’une part pour protéger ces clients, et aussi pour se protéger. Hélas, je constate que la réglementation n’est pas de mise dans les programmes de formation, y compris les DU. Je vous présente un micro-panorama des réglementations clefs. Je parlerai de réglementation au sens général, car il existe une différence entre un règlement, une directive, un décret. A savoir il existe un effet de cascade entre cadre européen et français.

La phytothérapie

Le phytomédicament, est une spécialités possédant une AMM. Sans entrer dans le détails, il y a des “niveaux” d’AMM avec toujours en priorité la principe de précaution. Dans le cadre de la phytothérapie il existe des réglementations satellites, et le statut des plantes médicinales, est couvert en France par le Code de la santé publique. Ces plantes sont dans le périmètre des officines (pharmacies), sous certaines conditions (liste A ou B de la Pharmacopée). Les plantes en dehors des listes restrictives sont d’accès libre, ce qui ne signifie pas qu’elles soient sans danger pour le consommateur, en cas de mauvais usage (interactions médicamenteuses, mélanges aléatoires…). Concernant les allégations elles sont limitées et précisément décrites par la Commission européenne en 2019.

Compléments alimentaires

Très souvent dans le cadre de propositions, de ré-équilibrage alimentaire, de suivi de sportifs, de seniors, de personnes ayant différents troubles il est suggéré de complémenter son alimentation avec des compléments alimentaires. Rien de ce que l’on absorbe n’est anodin et c’est pourquoi il existe une réglementation légère sur ces produits. Néanmoins, ce cadre réglementaire est principalement qualitatif, le savoir faire du praticien et son expertise en interactions médicamenteuses, doit l’aider à ne pas suggérer des compléments alimentaires ayant des effets contre-indiqués avec des médicaments, ou pathologies. Par exemple, certains compléments alimentaires anti-cholestérol ont des effets importants sur les CYP P450 (3A4), et ceci a des effets sur la métabolisation de nombreux médicaments, et aussi des effets sur l’élasticité veineuse.

Les huiles essentielles

Extrêmement utilisées, elles deviennent un élément de la trousse à pharmacie de la famille. Pour une huile donnée, la composition est complexe, car associée à l’endroit de la culture, au niveau d’ensoleillement etc, autant de facteurs difficilement contrôlable. Dans le jargon on appelle ce type de composé des UVCB. Rapidement l’usage des huiles essentielles passe sous la réglementation cosmétique, qui définit de très nombreux seuil d’usages, des usages autorisés et interdits selon les composés présents dans le produit. Néanmoins, l’expérience montre que très peu de praticiens utilise la réglementation avant toute proposition. En effet, lire des centaines de pages, de réglementation techniques et toxicologiques, n’est pas une chose aisée. Dans un cadre de simplification l’IFRA aide à la compréhension des données toxico-réglementaires. Alors est-ce que les huiles essentielles sont toxiques? Rien n’est anodin, il faut connaître les compositions (connaître la chimie), les effets des principaux composés (connaître la biochimie métabolique), la toxicocinétique des composés…. Le nombre d’intoxication aux huiles essentielles est en forte croissance en France et dans d’autres pays.

Intoxication aux huiles essentielles

Source: Thèse Doctorale en Pharmacie T. Poirot – 2018

Elles peuvent être; hépatotoxiques, néphrotoxiques, neurotoxiques à minima, et il ne faut pas oublier que les femmes enceintes peuvent indirectement faire passer des composés d’huiles essentielles chez le fœtus.

La connaissance de la réglementation, de la toxicologie et du métabolisme chimique du corps humain sont des prérequis pour faire les bons choix dans le cadre de conseils. Les personnes qui utilisent en mode “auto-médication” des compléments alimentaires, des plantes, des huiles essentielles, peuvent prendre le temps d’aller voir leur expert métier qui saura les conseiller au mieux.